L’inclusion en entreprise est un sujet de plus en plus central dans les stratégies RH et managériales. À l’heure où les entreprises sont soumises à une compétition mondiale accrue, intégrer des talents divers devient non seulement une obligation morale, mais aussi un impératif stratégique. Pourtant, les personnes avec des profils atypiques – souvent neurodivergents, atteintes de troubles « dys » (dyslexie, dyspraxie, etc.), de troubles du spectre de l’autisme (TSA) ou du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) – restent trop souvent en marge du monde professionnel. Face à ce constat, accélérer les politiques d’inclusion des profils atypiques est non seulement une nécessité éthique, mais aussi une formidable opportunité pour les entreprises.
1. Un enjeu d’égalité des chances
Accueillir les profils atypiques en entreprise représente avant tout un enjeu d’égalité des chances. Ces personnes, souvent mal comprises et confrontées à des difficultés dans le monde du travail, ont pourtant un potentiel immense à apporter. Leurs talents, leur créativité, leur vision unique du monde constituent une richesse souvent sous-estimée. Loin d’être des « faiblesses », ces singularités sont en réalité des forces complémentaires qui, lorsqu’elles sont bien accompagnées, peuvent devenir de véritables atouts.
2. Un vivier de compétences inexploité
Selon de nombreuses études, près de 20 % de la population serait neurodivergente. Ce chiffre est significatif et montre à quel point ce vivier de talents est encore largement inexploité. Les personnes présentant un trouble dys ou TSA, par exemple, ont souvent des compétences spécifiques qui peuvent s’avérer précieuses dans certains secteurs. Les autistes peuvent exceller dans les tâches nécessitant une attention extrême aux détails, tandis que les personnes avec un TDAH sont souvent très créatives et dynamiques. En excluant ces talents du marché du travail, nous nous privons d’un immense potentiel humain.
3. Un enjeu de performance
L’inclusion des profils atypiques ne relève pas uniquement de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) ; elle constitue aussi un levier de performance. Les équipes inclusives sont plus innovantes, plus créatives et mieux préparées à résoudre des problèmes complexes. Plusieurs études montrent que la diversité cognitive au sein d’une équipe améliore la productivité, la satisfaction au travail et la performance globale. En accueillant des personnes avec des perspectives variées, l’entreprise gagne en capacité d’adaptation et en agilité, deux qualités essentielles dans un monde en perpétuelle évolution.
Malgré les nombreux avantages de l’inclusion des profils atypiques, plusieurs obstacles persistent.
1. Les préjugés et stéréotypes
L’un des principaux freins reste la persistance des préjugés autour des personnes neurodivergentes. Elles sont souvent perçues comme étant « différentes » au sens négatif du terme, ce qui crée des réticences au recrutement. Ces stéréotypes peuvent être démystifiés par une meilleure compréhension de ce que sont réellement ces profils, mais il est encore fréquent que les recruteurs ou managers ne sachent pas comment appréhender les spécificités de ces candidats.
2. Le manque de formation des équipes
Souvent, les managers ou les équipes RH ne sont pas suffisamment formés pour accueillir et accompagner les profils atypiques. Cela crée des incompréhensions, voire des maladresses, qui peuvent nuire à l’intégration de ces talents. Il est crucial que les entreprises investissent dans des programmes de formation adaptés, qui permettent de lever les appréhensions et d’apporter les clés nécessaires à une inclusion réussie.
3. Des aménagements mal compris
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les aménagements nécessaires pour intégrer des profils atypiques ne sont pas toujours coûteux ou complexes. Bien souvent, il s’agit de mesures simples comme des horaires aménagés, des espaces de travail moins bruyants, ou encore des outils technologiques adaptés. Cependant, beaucoup d’entreprises pensent encore que ces ajustements demandent des ressources conséquentes, ce qui freine leur mise en place.
1. Sensibiliser et former
La première étape pour accélérer l’inclusion des profils atypiques est de sensibiliser l’ensemble des collaborateurs, et particulièrement les équipes RH et les managers. La formation à la neurodiversité est essentielle pour lever les préjugés, comprendre les besoins spécifiques de ces personnes et mettre en place des dispositifs d’accompagnement adaptés. Des ateliers, des conférences, et des formations spécifiques peuvent être organisés pour créer une culture d’inclusion au sein de l’entreprise.
2. Adapter le recrutement
Il est également crucial de repenser les processus de recrutement pour les rendre plus inclusifs. Cela peut passer par des entretiens moins conventionnels, des tests adaptés, ou encore la prise en compte de critères d’évaluation plus variés. Le but est de ne pas juger un candidat uniquement sur ses difficultés, mais de valoriser ses compétences et son potentiel. En intégrant des recruteurs formés à la diversité cognitive, l’entreprise se donne les moyens d’identifier et d’intégrer ces talents.
3. Mettre en place des aménagements raisonnables
Les aménagements nécessaires pour les profils atypiques sont souvent simples à mettre en œuvre. Cela peut inclure la possibilité de travailler à distance, des ajustements dans l’organisation des tâches ou encore la mise à disposition d’outils spécifiques. Il est important de co-construire ces aménagements avec les personnes concernées pour s’assurer qu’ils répondent réellement à leurs besoins.
4. Suivre et évaluer les actions
L’inclusion ne doit pas être une politique figée ; elle doit évoluer en fonction des besoins des collaborateurs et des réalités de l’entreprise. Il est donc essentiel de suivre et d’évaluer régulièrement les actions mises en place. Des indicateurs peuvent être établis pour mesurer l’efficacité des politiques d’inclusion, comme le taux de satisfaction des collaborateurs neurodivergents, leur taux de rétention, ou encore leur performance au sein de l’entreprise.
Accélérer les politiques d’inclusion des profils atypiques est une nécessité impérieuse pour les entreprises modernes. En misant sur la diversité cognitive, elles se dotent d’un atout compétitif majeur tout en remplissant leur mission sociale. Les talents atypiques ont des perspectives uniques à offrir, et les inclure pleinement dans l’entreprise contribue à une culture plus innovante, performante et résiliente. Il est donc temps de dépasser les préjugés, de former les équipes et de mettre en place des dispositifs concrets pour accueillir ces talents précieux. C’est une démarche gagnante à la fois pour les collaborateurs, les entreprises et la société dans son ensemble.
Hugues de Combarel
Fondateur et dirigeant d’Atypie Conseil